Ses heures se traînent, mais ses journées défilent.
Sans un rire, sans un cri, du plomb dans l’aile.
Plus rien ne l’entraîne, dans la fraîcheur d’avril.
Pas le temps, trop d’ennuis, si peu de sel.
Quel est donc le secret de tous ces autres
Qui saisissent le temps, suivent le fil ?
Elle voudrait s’étourdir au son des autres
Mais sa volonté ne tient qu’à un fil.
Refrain :
Alors elle reste là au lieu d’affronter les frimas.
Elle se mord les lèvres, contracte les paupières.
Elle regrette sa jeunesse dont il a sonné le glas.
Elle se cherche un rêve, dessine dans la poussière.
Il pleut des flots sur le brasier
Des espérances.
Au diable un moral d’acier
Dans ces errances.
Sans fin sombrer dans les abîmes
Des illusions perdues.
En elle deux âmes s’animent
L’une au parfum, l’autre à l’insut.
Des brumes d’un souvenir à la blancheur des draps
Elle pense aux jours meilleurs, l’élan qui reviendra.
La lune grise, les nuits d’avril, un bruit qui courre
Et sans rêves d’ailleurs, l’air du soir dans la cour.
En Belle du Seigneur elle se voit
À la folie tendre les bras
Puisque rien n’est vrai, rien n’est sûr
Au bal des êtres sans armures
Refrain.
Qu’une vague l’emporte aux confins du silence
Pour un nouveau retour au goût de jamais vu.
Qu’une brise lui rappelle que la vie est l’essence
De tout art, toute victoire, et idée d’absolu.
Alors dans les nuits noires elle puisera la source
D’autres mots, d’autres gestes, et nouvelles pensées.
Alors dans les nuits claires elle trouvera ses ressources
Et suivra tout le reste, comme des vignes enlacées.
Et enfin elle devine l’esquisse d’un nouvel été.
Avril 2022.