Les quelques grains de douceur d’une enfance volcanique s’envolent quand la voix d’une mère clâme des paroles irrévocables.
D’une présence ressentis, du silence des prières, il faudrait bâtir un empire.
Mais fatigue et lassitude s’imposent face à l’abstrait.
Nos tentatives, nos espoirs de vivre quelque chose d’intense et profond, semblent si dérisoires.
On signe des documents, on remplace ou accole des noms.
On partage des nuits, des dimanches, des secrets. Des années, des appartements.
Des corps s’emboîtent, des gênes fusionnent. Des enfants naissent et grandissent sous quatre yeux.
Mais soudain l’autre est un étranger.
Le souvenir des sommets d’une vie se trouve entaché de sa présence.
Ce qu’il y avait de plus fort est déjà passé, et manquait de sens.
L’ultime espoir est maintenant déchu.
Restent les amis, compagnons de toujours, mais seules les épreuves démontrent la vérité des liens…
La confiance en soi-même, comme un dernier refuge, craquelle jusqu’à l’achèvement.
Agir par devoir, passer en mode automatique. Jouer son rôle.
Ne plus parler, ne plus penser, ni ressentir.
Abandonner tout effort, en attendant d’être abattu.
Chercher au fond de soi un peu de force à réunir, pour une énième tentative.
Placer son espoir en une dernière aventure.
Jouer une dernière carte, quand la vie n’est désormais qu’un jeu sans importance.
Quand s’effondrent les grands objectifs, les seules certitudes volent en éclat.
Se noyer dans le rêve.
Devenir légère ou électrique.
A présent délestée de tout attachement matériel, jouer l’oiseau de passage réunissant brindilles pour un nid de saison.
La Terre fissure, la guerre menace.
Le tonnerre gronde sur l’été qui commence.
Le monde, de ma douleur se fait l’écho.
Noyée sous la souffrance, quand chaque minute devient plus insoutenable que la précédente, se jeter aux flammes pour fuir les fumées.
Et pourtant je te veux.
Sans demain, sans questions.
Sans espérances.
Me jeter, volontaire…, dans ce fleuve immense
Trouver encore en moi un désir de grandeur, quelque chose de plus vrai.
Et je te veux, trop vite.
De ta présence dépend mon sourire en péril.
Et tu me veux, trop tôt.
De nos instants dépendent nos frêles équilibres.
Le sort nous assemble à l’aube d’un cyclone.
Deux peaux, un rêve qui emporte, un air qui grimpe.
Unis pour attendre la fin des combats.
Apparu tel un météore au milieu d’un champ de ruine, tu es le calme après la bataille et avant la tempête.
Ta voix répend du baume sur mes plaies quotidiennes, pour ouvrir chaque soir un jour nouveau.
Reconstruire avec toi mon abris, même si les bombes doivent le raser.
Portée par l’envie de voir où mènera le sort, essayer libérée d’un trop grand enjeu.
Chacune de tes paroles tissent un long voile au fil d’espoir, de me retenir ou palier à ma chute.
Puisque c’est dans les gravas qu’on bâtit un avenir, car seul existe l’instant présent, remplacer par l’intuition les certitudes.
Placer sa confiance en un sentiment différent.
Pur, fort et beau.
Fluide, évident.
Former un foyer, affronter l’apocalypse.
Se retrancher et fuir le désordre ambiant.
Me laisser entraîner sans peurs dans de nouvelles épreuves.
Faire de ta voix mon repère en ces temps obscurs, et de ta main un guide en ces lieux.
Ces lieux détestés que sublime ta présence.
Auprès de toi je ne serais protégée, seulement accompagnée, et me jetterais ardament dans la vie.
Tu m’aideras, je le sais, à trouver mes propres forces.
Par ces brèses ravivées se manifeste la force de vie. Celle que l’on n’attrappe qu’au bord des précipices.
Ma seule attente est de poursuivre ces minutes surréalistes, et d’emprunter ce chemin happée par tes pas.
Improviser, inventer.
Trouver que faire de cette chance incroyable.
Mai 2022.