Alban et Roxane

Dans la pâleur de l’aube
Elle n’est pas là, tu rôdes
Écris reviens-moi

A l’aube d’un matin calme
Dans la blancheur du hall
Tu l’entends et la vois
Sous les feuilles qui craquent
Le murmure de sa voix

La neige viendra bientôt
Rappel du froid de sa peau
Couleur de son teint blême
Et le bleu de ses lèvres
Que tu n’as que frôlées

Pliant sous la mitraille
Des questions, des flash
Tremblant, ils t’assaillent
Tous ces micros braqués

Seul dans la salle de conférence
Invisible foule en transe
Dans les gradins, tu cherches
Une indicible trace
Une emprunte, sa présence

  Jour d’hiver


Sommeil d’hiver
Langueur hivernale
Un ciel de traîne
Où se morfondre

Ciel idéal
Pour les faire fondre
Ces humeurs furibondes

Le bruit des halles
Où se confondre
Aire idéale
Aux pensées vagabondes

A l’heure des nymphes
Tandis que la buée se dissipe
Rêver de Londres
Sous les frimas

Soleil d’hiver
Candeur océane
Voir dans une bouteille à la mer
Le reflet de Bréhane

Refrain d’hiver
Si mon automne
Était resté
Je l’aurais oublié

Fragrances


En ouvrant délicatement l’une des fioles qu’il vient de rechercher, il brise un trouble silence.

Je devine le parfum des gens que je rencontre, et me souviens éternellement de ceux des personnes que j’aime.

Il poursuit, en lui présentant le flacon miniature.

Ma grand-mère…
Elle sentait la fleur d’oranger, la sauge et les pétales séchés.

Mon père, c’était un curieux mélange d’agrumes et d’écorce de bois.
Son odeur me rappelait celle des fougères et de l’eau salée.

Ma mère, la douceur du jasmin et du lait d’ânesse.
Quelques notes de mûres sauvages et de noisettes.

Il marque une courte pause et reprend, en dévissant le capuchon pour s’assurer de sa bonne fermeture.
Ils se regardent…

Mes frères, ils sentaient un peu comme mon père.

Ma petite sœur, l’amande douce.
Mais aussi la framboise et la fraise des bois.

Notre cousine, Esther…
La vanille.
Je me souviens de cette odeur comme de sa signature.
Comme de l’ambiance estivale, quand on partait ensemble chez nos grands-parents.

L’hiver, elle portait son parfum de Noël. Doux et enveloppant, à la mandarine.

Et Luna, notre voisine et amie d’enfance, ma première compagne…

Il s’interromp, et la regarde.
Elle baisse légèrement la tête, puis soutient à nouveau son regard.
Ses doigts sur l’étagère semblent dire qu’il peut continuer.

…Luna, elle sentait la pomme.
Maintenant, elle sent l’aloe vera.

Et moi ?…

Admiration et crainte se mêlent dans sa voix timide, son air hésitant.
Il lui répond avec une tendresse infinie.

Toi, la femme aimée…
Ta peau sent la fleur de cotton, et tes cheveux sentent la pêche.

Je ne me lasse pas de cette odeur, j’aimerais qu’elle m’accompagne.
J’ai enfin trouvé celle que je cherchais sans le savoir.