Ligne de fuite

Toi qui connaît les terres arides
Et les désastres que l’on en tire
Moi qui ne connaît que ma ville
Et l’obsession d’en partir

La route comme une langue
S’étire à perte de vue
T’entraîne dans ses méandres
Loin, jusqu’à l’inconnu

Tu aires dans la nuit sombre
Moment de silence absolu
Quand tout vient à se confondre
Les rêves, les morts, les ombres, disparus

Tu traînes dans la nuit froide
Tes sommets atteints et perdus
Te collent à la peau, tu croises
Quelques feux-follets déchus

Tous les nadirs de tes nuits
S’entassent dans ton esprit
Ils s’entremêlent, étourdis
Te laissent au matin abasourdis

  Double jeu

Comme un alcool sur le brasier
Sur la blessure une eau glacée
Une rafale sur la vague
Qui prêche et puis divague

Il m’enflamme et me ramène
Doucement vers l’autel
Pas de cris, pas de scènes
Juste un silence pastel

Un peu de sable, de sel
Sur mon sommeil, il…

…souffle le froid, le chaud
Sur mes réveils, il…
Souffle ce vent nouveau
Serein mais indocile

Eau calme

L’apocalypse, son allégresse
Son impatience et sa détresse
Toutes ces choses de la vie
Venues trop tard et à quel prix
Tout ce qui nous est interdit

Tout ce à quoi
L’on ne se fait pas
Et tous ces mots qu’on n’oublie pas

A toi qui n’espères rien de plus
Que de prévisibles ascensions
De l’aventure, tu es revenu
Tout n’était que désillusions

Plus que de tendres habitudes
En accords mineurs, en préludes
Ce que tu dis à demi-mots
Du bout des lèvres, à contrario

Tu enveloppe tes paroles
Les protège, les comptes, les décolle

Ne pas tomber plus bas que terre
Ne pas sombrer dans la misère
C’est là tout ce que tu attends
Plus de fièvres, plus de tourments

Se laisser surprendre par la pluie
Airer à l’issue d’une insomnie
Passer tout un après-midi
Seul à se rêver une vie

Involontaire fuite
Misérable rêverie
Regrettable alibi

 Complainte d’une muse

Le temps paralyse lentement tes doigts
Sur ce clavier qui vibre encore sous leurs coups
Comme une feuille elle tremble, ta voix
Toi qui savais si bien te relever des coups

A présent l’imminence d’une nouvelle aventure
T’effraye, ami, tes yeux en sont ternis

Le piano, chaque soir, sublime tes murmures

Refrain :
Le dernier réquiem
Que tu composeras
Survivra, indemne
Si longtemps après toi

Au sortir d’une chapelle
Dans une semaine, un mois
Mieux qu’un adieu solennel
Je le jouerais pour toi

Mon ami, ne pleure pas, tu savais comme moi
Qu’à part l’âme d’un pianiste rien ne serait infini
Cette morne lassitude aura raison de toi
Plus vite que la mort, elle te consumera

Ta main courre sur les blanches pour rejoindre la mienne
Tu joues Fa dièse mineur, oubliant Mi bémol
Dans une telle fureur, tu dis que je suis tienne
Celle qui depuis trente ans te maintient sur le sol

Mais elles m’indiffèrent, ces paroles, Lucifer
Donnera à ton absence chaque jour un goût de fer

Refrain.

Fébrile atmosphère

Ces courts instants de stress
Où je me sens perdue
Troublée quand la ville nous disperse
Notre bulle est rompue

Un gamin à vélo
Qui soudain la traverse
Une dame et son chariot
Maintenant la transpercent

Refrain :
Je ne suis pas de celles
Que le vent étourdit
Les phares, la fièvre et le sel
M’ont déjà éblouis


Je me déteste
A rêver ainsi
Mes plaies attestent
Que par ici

Nul ne partage
Plus d’une nuit


Autour de nous, la foule
Les obstacles et le bruit
Les minutes qui s’écoulent
Au rythme de la pluie

Commence le décompte
Avant les au-revoir
Sans savoir si tu comptes
Bientôt me revoir

Refrain.

A nouveau le manège
Des appels, des messages
Des photos dans la neige
Du rouge sur mon visage

Reviennent les frissons
Et mes rêves d’enfant sage
Mais cette vague impression
D’avoir passé l’âge

Refrain.

Souffle court

Apprendre
Croquer la vie comme un carré de chocolat
Attendre
J’ai pas envie d’attendre comme ça

Je me nourris de sa présence
Même de loin, elle alimente
Mes nuits blanches répétées
Les pages vierges de mes cahiers

Ce n’est pas du courage
Le plus dur serait d’avancer
A me complaire dans ces mirages
Du présent je passe à-côté

Refrain :
Il fait de ma vie un supplice
Quand tout pourrait être si simple
Il envahit tout l’édifice
De mes rêveries, cela m’éreinte


Je n’attends qu’un armistice
Qu’il baisse le son des enceintes
Et la lumière des néons

Espérer de l’été
Autre chose que ses bras
Que sur moi son regard posé
Guetter d’autres sons que sa voix


Bientôt je ne le verrais plus
Ce sera violent mais tant mieux
Il arrive plus tôt que prévu
Le moment de lui dire adieu

Pour moi, le plus dur à donner
C’est le temps
Moi qui aie si peur d’en manquer
Et pourtant…

Refrain.

Nos jupes noires

Il y aura toujours
Malgré tous nos « jamais »
Agitées par le vent, au petit jour
De longues jupes noires dans les allées

Souvent, pour se rassurer
On a sondé tes regards
On nous a entendu répéter
Que tu tiendrais, comme notre espoir

Refrain :
Pourtant, ce matin, du noir
Couvre nos corps, balaye l’allée
Les poussières de toi s’envolent, ce soir
Comme tes vêtements mis à sécher
Je ne pensais pas savoir tant aimer



Mille fois tu m’as dis, blasé
On est de passage sur Terre
La mort me terrorisait
Je te suppliais de te taire

En colère, tu m’as crié
« On n’a qu’une vie »
Et de rage, j’ai répliqué
« C’est toi, ma vie »

Refrain.

Trouville et son charme

 
L’automne pesait sur mon moral
Oppressée par la ville, sa grisaille
J’avais envie de voir la mer
Si belle sous les lumières d’hiver

Je me suis allongée
J’ai commencé à rêver
Des galeries d’art, des pulls rayés
Et me suis réveillée…

Refrain :
A Trouville un matin
Envie de peindre, envie de rien
Juste rester au bord de l’eau
Légère comme un oiseau



A la terrasse d’un restaurant
J’ai fantasmé dans ce décor
Une carte postale en noir et blanc
Passer sur la plage les gens
En costumes de bain mille-neuf-cent

Station balnéaire très prisée
Premiers congés payés
Hôtels chics, ambiance bord de mer
Elle inspire peintres et poètes

Refrain.

Quand touche à sa fin cette retraite
Le calme me manquera peut-être
Deauville, Honfleur, les abbayes
Envie de voir la Normandie
Mais ça c’est une autre poésie

Refrain.

Mon enfance


Refrain :
Qu’est-ce je retiens de mon enfance ?
Quelles images j’ai envie de garder ?
Quelques clichés auxquels je tiens
Si je la quitte sans regrets
Comment lui dire au revoir ?


Des souvenirs un peu flous
Des douleurs et des mauvais coups
Un peu lourds à traîner
Mais qui, je suis sûre, vont m’aider
A affronter la réalité

Et cette chaleur
Qui souvent réchauffe mon cœur
Et brûle mes chagrins passés

Refrain.

J’emporte mon album photos
Deux-trois objets dans mon trousseau
Des souvenirs et des défauts
Tout ce qui a fait ce que je suis

Et même si j’emporte aussi quelques doutes
Je commence à tracer ma route

Refrain.

Adieu Tristesse

chanson écrite à l’été 2017

Le titre est une référence au célèbre livre Bonjour Tristesse, de Françoise Sagan.

J’ai cherché à imaginer l’état d’esprit de quelqu’un sortant d’une dépression, d’un deuil, d’un chagrin d’amour ou autre cause de lourd chagrin sur une période prolongée.

J’ai voulu décrire la sortie d’un « état de chagrin » permanent.

  Adieu Tristesse

Je ne t’ai pas vue depuis longtemps

Et je ne verse plus de sang

Dans mes artères il s’indiffère

De ta défaite au goût amer

Ta déchéance sera ma chance

Désormais la vie sera dense

Et dépourvue de ces silences

Qui rongent l’âme et qui offensent

Refrain :

Adieu tristesse, ne reviens pas

Puisque tout le reste s’en va

Retourne donc à tes affaires

A tes audaces mortifères

Et laisse-moi courir ma vie

T’oublier à l’infini

Reprend ton jazz et tes cafards

Arpente d’autres lits le soir

Et si ton ami le chagrin

Voulait se frayer un chemin

Je l’attendrais d’un air serein

Il viendra ternir mes matins

Je l’ai bien connu, ton rival

Il m’a perdue dans ses dédales

Je n’ai plus peur des lendemains

Tu n’as pas ternis mon entrain

Refrain.