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Alban et Roxane

Dans la pâleur de l’aube
Elle n’est pas là, tu rôdes
Écris reviens-moi

A l’aube d’un matin calme
Dans la blancheur du hall
Tu l’entends et la vois
Sous les feuilles qui craquent
Le murmure de sa voix

La neige viendra bientôt
Rappel du froid de sa peau
Couleur de son teint blême
Et le bleu de ses lèvres
Que tu n’as que frôlées

Pliant sous la mitraille
Des questions, des flash
Tremblant, ils t’assaillent
Tous ces micros braqués

Seul dans la salle de conférence
Invisible foule en transe
Dans les gradins, tu cherches
Une indicible trace
Une emprunte, sa présence

Sélène et Zéphyr

Libre, fier et puissant comme le vent d’ouest
Doux comme le zéphyr
Son regard jette une supplique à l’est
Le soleil la fera fuir

Sélène est née de lune
Ses cheveux aux reflets cendrés
Prolongent ses rayons nocturnes

Zéphyr, des Dieux, s’est libéré
Mais c’est un être diurne
Ses longs cheveux tracent un sillage
Dans le vent, sur son passage

Sélène, aînée de lune
A coupé ses cheveux de cendres
Et de l’Olympe aimerait descendre

Quand Sélène est bien solennelle
Zéphyr, un brin transi
Mais Sélène garde sous son aile
Un long manteau de nuit

  Jour d’hiver


Sommeil d’hiver
Langueur hivernale
Un ciel de traîne
Où se morfondre

Ciel idéal
Pour les faire fondre
Ces humeurs furibondes

Le bruit des halles
Où se confondre
Aire idéale
Aux pensées vagabondes

A l’heure des nymphes
Tandis que la buée se dissipe
Rêver de Londres
Sous les frimas

Soleil d’hiver
Candeur océane
Voir dans une bouteille à la mer
Le reflet de Bréhane

Refrain d’hiver
Si mon automne
Était resté
Je l’aurais oublié

Parenthèse



Paradoxes, extase, emphase
De sommeil paradoxal
L’équinoxe vient, la phase
De nos vies dans un bocal

Des voiles sur les voix cristallines
Les estampes délavées
Passé, l’encre de Chine
Délicieusement suranné

La mer avance et on dérive
Dans l’atmosphère bleutée
Un nouveau parfum de lessive
Ma rétine a photographié

A la fenêtre, un gramophone
Sous des lumières tamisées
Quand vient le soir, un type divague
S’étourdit sur un saxophone

Avant la nuit
La rumeur du folklore local
Dehors, on suit
L’écho du folklore ancestral

Et de l’hiver qui se termine
Et de l’ivresse qui nous anime
Suivons l’entrain

D’ombres légères à l’aquarelle
En instants de verre murano
Dans un objet ascensionnel
Formant notre vaisseau
De verre à la Jules Vernes
Suspension aérienne

L’image insolite
A la rubrique surface
A la page interdite
Nous devant la glace
Reflet psychédélique
Nos corps forment un triptyque

Quitter le sol
Tutoyer ses idoles
Tu préfères un joli mensonge
A ce glas dans tes songes

Dans ces ambiances aquatiques
Juste un rêve en sépia
Lueurs mystiques
Sous un hall d’opéra

Ton allumeur de réverbères
Dans son manteau d’apparat
T’allume des bougies parfumées
Et rejoint ses appartements

Tu vis en externat
Ici mais pas là

Le cuivre qui raisonne
Dehors, ce type est toujours là
Ses traits d’esprit trop vague
S’essoufflent dans un saxophone

La nuit quand tous les chats sont gris
Nos pensées en hibernation

A l’aube d’une nouvelle aire
Une triade en cortège
Brume, zéphyr et frimas
Dernier tour de manège
Écran de cinéma

Allure gracile de l’arbre nu
Qu’on admire, qu’on délaisse
Ton œil de synesthète
Affine ainsi l’esthète
Que tu refreine, hélas…

…Le jour se lève encore, sans toi
A la vitre des trains
Aux banquettes semblables
Aux différents arrêts
Au cours d’une période ferroviaire
Tu te souviens…

Entre les murs en pierres d’une salle de bains
Toi, tu priais dans l’eau
Et la lumière du soir
Sur tes cheveux tombait
D’un vitrail art nouveau

Toi, sa danseuse de cabaret
De tango, de flamenco
Dans la pénombre, il admirait
Ta beauté sombre au teint ambré

Depuis, ses propos mal heureux
Ton air hautain, sa peau marbrée
Si d’autres semblent s’y prendre mieux
Malheur à eux

Entre deux présidentielles
S’est assombrit ton ciel
Entre deux mandats
Repartir en campagne

Entre deux wagons, tu compares
A la ligne de ta guitare
Les formes d’une femme

Partons ensemble en flammes
Respirer l’odeur des guitares
Être en colère ne sert à rien
Chacun croit faire ce qui est bien

On vit nos vies par épisodes
Refusant de voir plus loin
Sans savoir où mènera l’éxode
Que nous réserve le prochain

Épisode, accorde-moi
Un ailleurs où pleurer nos joies
Épisode, fais de moi
Ce que je suis déjà là-bas

Sous les spots de lumière blafarde
Au petit jour, éteindre nos corps
Sous les lumières criardes
Un mauvais jour s’annonce encore
Pour ta guitare et toi

Mais sous les braises crépitent
Un espoir, des pépites

Vous êtes le rameau
L’espoir des naufragés
Vous les fleurs de sureau
Du printemps, les messagers

  Ligne de fuite

Toi qui connaît les terres arides
Et les désastres que l’on en tire
Moi qui ne connaît que ma ville
Et l’obsession d’en partir

La route comme une langue
S’étire à perte de vue
T’entraîne dans ses méandres
Loin, jusqu’à l’inconnu

Tu aires dans la nuit sombre
Moment de silence absolu
Quand tout vient à se confondre
Les rêves, les morts, les ombres, disparus

Tu traînes dans la nuit froide
Tes sommets atteints et perdus
Te collent à la peau, tu croises
Quelques feux-follets déchus

Tous les nadirs de tes nuits
S’entassent dans ton esprit
Ils s’entremêlent, étourdis
Te laissent au matin abasourdis

  Double jeu

Comme un alcool sur le brasier
Sur la blessure une eau glacée
Une rafale sur la vague
Qui prêche et puis divague

Il m’enflamme et me ramène
Doucement vers l’autel
Pas de cris, pas de scènes
Juste un silence pastel

Un peu de sable, de sel
Sur mon sommeil, il…

…souffle le froid, le chaud
Sur mes réveils, il…
Souffle ce vent nouveau
Serein mais indocile

Eau calme

L’apocalypse, son allégresse
Son impatience et sa détresse
Toutes ces choses de la vie
Venues trop tard et à quel prix
Tout ce qui nous est interdit

Tout ce à quoi
L’on ne se fait pas
Et tous ces mots qu’on n’oublie pas

A toi qui n’espères rien de plus
Que de prévisibles ascensions
De l’aventure, tu es revenu
Tout n’était que désillusions

Plus que de tendres habitudes
En accords mineurs, en préludes
Ce que tu dis à demi-mots
Du bout des lèvres, à contrario

Tu enveloppe tes paroles
Les protège, les comptes, les décolle

Ne pas tomber plus bas que terre
Ne pas sombrer dans la misère
C’est là tout ce que tu attends
Plus de fièvres, plus de tourments

Se laisser surprendre par la pluie
Airer à l’issue d’une insomnie
Passer tout un après-midi
Seul à se rêver une vie

Involontaire fuite
Misérable rêverie
Regrettable alibi

 Complainte d’une muse

Le temps paralyse lentement tes doigts
Sur ce clavier qui vibre encore sous leurs coups
Comme une feuille elle tremble, ta voix
Toi qui savais si bien te relever des coups

A présent l’imminence d’une nouvelle aventure
T’effraye, ami, tes yeux en sont ternis

Le piano, chaque soir, sublime tes murmures

Refrain :
Le dernier réquiem
Que tu composeras
Survivra, indemne
Si longtemps après toi

Au sortir d’une chapelle
Dans une semaine, un mois
Mieux qu’un adieu solennel
Je le jouerais pour toi

Mon ami, ne pleure pas, tu savais comme moi
Qu’à part l’âme d’un pianiste rien ne serait infini
Cette morne lassitude aura raison de toi
Plus vite que la mort, elle te consumera

Ta main courre sur les blanches pour rejoindre la mienne
Tu joues Fa dièse mineur, oubliant Mi bémol
Dans une telle fureur, tu dis que je suis tienne
Celle qui depuis trente ans te maintient sur le sol

Mais elles m’indiffèrent, ces paroles, Lucifer
Donnera à ton absence chaque jour un goût de fer

Refrain.

Fébrile atmosphère

Ces courts instants de stress
Où je me sens perdue
Troublée quand la ville nous disperse
Notre bulle est rompue

Un gamin à vélo
Qui soudain la traverse
Une dame et son chariot
Maintenant la transpercent

Refrain :
Je ne suis pas de celles
Que le vent étourdit
Les phares, la fièvre et le sel
M’ont déjà éblouis


Je me déteste
A rêver ainsi
Mes plaies attestent
Que par ici

Nul ne partage
Plus d’une nuit


Autour de nous, la foule
Les obstacles et le bruit
Les minutes qui s’écoulent
Au rythme de la pluie

Commence le décompte
Avant les au-revoir
Sans savoir si tu comptes
Bientôt me revoir

Refrain.

A nouveau le manège
Des appels, des messages
Des photos dans la neige
Du rouge sur mon visage

Reviennent les frissons
Et mes rêves d’enfant sage
Mais cette vague impression
D’avoir passé l’âge

Refrain.

Souffle court

Apprendre
Croquer la vie comme un carré de chocolat
Attendre
J’ai pas envie d’attendre comme ça

Je me nourris de sa présence
Même de loin, elle alimente
Mes nuits blanches répétées
Les pages vierges de mes cahiers

Ce n’est pas du courage
Le plus dur serait d’avancer
A me complaire dans ces mirages
Du présent je passe à-côté

Refrain :
Il fait de ma vie un supplice
Quand tout pourrait être si simple
Il envahit tout l’édifice
De mes rêveries, cela m’éreinte


Je n’attends qu’un armistice
Qu’il baisse le son des enceintes
Et la lumière des néons

Espérer de l’été
Autre chose que ses bras
Que sur moi son regard posé
Guetter d’autres sons que sa voix


Bientôt je ne le verrais plus
Ce sera violent mais tant mieux
Il arrive plus tôt que prévu
Le moment de lui dire adieu

Pour moi, le plus dur à donner
C’est le temps
Moi qui aie si peur d’en manquer
Et pourtant…

Refrain.