Il y aura toujours
Malgré tous nos « jamais »
Agitées par le vent, au petit jour
De longues jupes noires dans les allées
Souvent, pour se rassurer
On a sondé tes regards
On nous a entendu répéter
Que tu tiendrais, comme notre espoir
Refrain :
Pourtant, ce matin, du noir
Couvre nos corps, balaye l’allée
Les poussières de toi s’envolent, ce soir
Comme tes vêtements mis à sécher
Je ne pensais pas savoir tant aimer
Mille fois tu m’as dis, blasé
On est de passage sur Terre
La mort me terrorisait
Je te suppliais de te taire
En colère, tu m’as crié
« On n’a qu’une vie »
Et de rage, j’ai répliqué
« C’est toi, ma vie »
Refrain.
Catégories
Trouville et son charme
L’automne pesait sur mon moral
Oppressée par la ville, sa grisaille
J’avais envie de voir la mer
Si belle sous les lumières d’hiver
Je me suis allongée
J’ai commencé à rêver
Des galeries d’art, des pulls rayés
Et me suis réveillée…
Refrain :
A Trouville un matin
Envie de peindre, envie de rien
Juste rester au bord de l’eau
Légère comme un oiseau
A la terrasse d’un restaurant
J’ai fantasmé dans ce décor
Une carte postale en noir et blanc
Passer sur la plage les gens
En costumes de bain mille-neuf-cent
Station balnéaire très prisée
Premiers congés payés
Hôtels chics, ambiance bord de mer
Elle inspire peintres et poètes
Refrain.
Quand touche à sa fin cette retraite
Le calme me manquera peut-être
Deauville, Honfleur, les abbayes
Envie de voir la Normandie
Mais ça c’est une autre poésie
Refrain.
Mon enfance
Refrain :
Qu’est-ce je retiens de mon enfance ?
Quelles images j’ai envie de garder ?
Quelques clichés auxquels je tiens
Si je la quitte sans regrets
Comment lui dire au revoir ?
Des souvenirs un peu flous
Des douleurs et des mauvais coups
Un peu lourds à traîner
Mais qui, je suis sûre, vont m’aider
A affronter la réalité
Et cette chaleur
Qui souvent réchauffe mon cœur
Et brûle mes chagrins passés
Refrain.
J’emporte mon album photos
Deux-trois objets dans mon trousseau
Des souvenirs et des défauts
Tout ce qui a fait ce que je suis
Et même si j’emporte aussi quelques doutes
Je commence à tracer ma route
Refrain.
Fragrances
En ouvrant délicatement l’une des fioles qu’il vient de rechercher, il brise un trouble silence.
Je devine le parfum des gens que je rencontre, et me souviens éternellement de ceux des personnes que j’aime.
Il poursuit, en lui présentant le flacon miniature.
Ma grand-mère…
Elle sentait la fleur d’oranger, la sauge et les pétales séchés.
Mon père, c’était un curieux mélange d’agrumes et d’écorce de bois.
Son odeur me rappelait celle des fougères et de l’eau salée.
Ma mère, la douceur du jasmin et du lait d’ânesse.
Quelques notes de mûres sauvages et de noisettes.
Il marque une courte pause et reprend, en dévissant le capuchon pour s’assurer de sa bonne fermeture.
Ils se regardent…
Mes frères, ils sentaient un peu comme mon père.
Ma petite sœur, l’amande douce.
Mais aussi la framboise et la fraise des bois.
Notre cousine, Esther…
La vanille.
Je me souviens de cette odeur comme de sa signature.
Comme de l’ambiance estivale, quand on partait ensemble chez nos grands-parents.
L’hiver, elle portait son parfum de Noël. Doux et enveloppant, à la mandarine.
Et Luna, notre voisine et amie d’enfance, ma première compagne…
Il s’interromp, et la regarde.
Elle baisse légèrement la tête, puis soutient à nouveau son regard.
Ses doigts sur l’étagère semblent dire qu’il peut continuer.
…Luna, elle sentait la pomme.
Maintenant, elle sent l’aloe vera.
Et moi ?…
Admiration et crainte se mêlent dans sa voix timide, son air hésitant.
Il lui répond avec une tendresse infinie.
Toi, la femme aimée…
Ta peau sent la fleur de cotton, et tes cheveux sentent la pêche.
Je ne me lasse pas de cette odeur, j’aimerais qu’elle m’accompagne.
J’ai enfin trouvé celle que je cherchais sans le savoir.
Atelier écriture
A l’angle de la rue des frênes
Cette mystérieuse affiche me freine
Chaque soir, je lisais…
Et passais en voyeuse lentement devant la fenêtre
Un soir, je me disais…
J’assisterais, curieuse, à l’assemblée discrète
Les timides anonymes, lundi forment une ronde
La nouvelle encerclée, tous les regards me sondent
Lançons-nous le défi prévu la dernière fois
Lire, chacun notre tour, ces longs portraits chinois !
« Si j’étais un parfum ?
Doux et fruité, de préférence.
Une saison, l’été, enivrantes fragrances.
Un jour de la semaine, le dimanche.
Et un fruit du jardin ?
Sans hésiter, la pêche blanche.
Un bateau, un voilier.
Une mer, un océan ?
L’Atlantique, ou la Manche.
L’eau serait mon élément…
De tous les continents
Je serais le dernier.
Si j’étais une fleur ?
Celle du lys des bois.
Le violet, ma couleur.
De la journée, mon heure ?
Dix-sept à vingt-et une…
…guitare ou un violoncelle.
Un instrument de paix
Si j’étais un objet.
C, L, M… si j’étais
Une lettre d’alphabet.
Manier la plume, je serais
Sous le chandelier qu’on rallume
L’égérie d’un art oublié.
Longue robe, mon vêtement.
Un vieux château, un monument.
Si j’étais un pays
Le nôtre me suffit.
Un membre de la faune ?…
Une biche des bois.
Chat des villes, rat des champs, loin des gens.
Une pierre, celle de lune
Bleutée, nacrée dans la brume.
Un chêne, un châtaignier ?
Que sais-je, un conifère.
Ou un hêtre commun…
Que dis-je, un saule pleureur
D’avoir perdu ses fleurs
Que nul ne console, rien à faire. »
Applaudissez notre éloquence
L’atelier d’une prochaine séance
Consistera en trois scènettes
Formez des binômes avant le dix-sept.
Nuit tombée sur la rue des frênes
Alto et contrebasse discutent en s’éloignant
Chat sauvage disparaît loin devant.
Âme Sirène
Âme Sirène
Le bruit venant de la côte
S’estompe sous la houle qui m’a prise
Fuyons la rive, la marée haute
Quand elle descendra par surprise
Abandonnera les êtres humains
Et moi, venue de la côte
Je serais ta Vénus endormie
Des grands mystères, à qui la faute
Cherchons une escale, un abri
Où retrouver des êtres humains
Tu dis que la mer est une femme
Où les bateaux font naufrage
Pourtant l’écume, les vagues
Vont et viennent sur le sable
Zone grise
Ce texte aborde la sensible question du flou juridique que représente le non consentement.
Zone grise
Contre la zone grise
Usons de nos matières grises
« Qui ne dit mot consent »
Plane dans nos inconscients
Mais il est temps de se défaire
Des vieux schémas si primaires
A découvrir, des îles nues
Au large des malentendus
Refrain :
« Il n’est pas de fumée sans feu »
« Qui l’allume devrait s’y attendre »
Écoute son corps, il parle mieux
Ne la laisse pas finir en cendres
Tu as bien mieux à lui apprendre
Qu’à se méfier d’un amoureux
Approche comme d’un chat brusqué
En animal apprivoisé
Tu ne perdras rien au passage
Marquant les étapes du voyage
Transmet un jour à tes fils
L’antidote aux vieux maléfices
Épargne à tes filles le supplice
D’être la cause de tous les vices
Refrain.
Alléger enfin nos épaules
Que plus jamais consciences ne frôlent
Des regrets qui nous rongeaient tout bas.
Les mots que l’on ne voulait pas
Entendre se sont terrés là.
Mais impossible de taire
A la mémoire d’une peau cachée
Les blessures d’une guerre
Qu’on n’a pas su mener
Tenue d’Adam
Ce texte combat l’idée reçue selon laquelle le désir féminin serait indépendant de la vue, et de l’apparence des hommes.
Il prône la liberté des femmes à célébrer la beauté de leur partenaire.
C’est un encouragement à admirer et conceptualiser les représentations masculines dans le monde de l’art.
Il inverse la notion de muse.
C’est également une ode à la virilité, souvent mal perçue de nos jours.
Il traite enfin de l’harmonie, de la complémentarité physique des couples, et de l’esthétisme de ces entités.
Tenue d’Adam
Des caractères botticelliens
Parmis les traits, les contours
D’un visage au nez aquilin
Soulignent un regard sans détours
Une arcade sourcilière
Prononce un charme brut
Mon âme de flibustière
Depuis la rade scrute
Le costume d’un corsaire
Elle tremble sous les graves sons
Tel un vampire, me vient l’envie
De la croquer de mille façons
Ton fruit défendu, ta pomme…
Je rêve d’un exil soudain et aveuglant
Le mâle défendu, la pomme…
Je rêve d’un Éden sublime et hors du temps
Où fixer à l’envie
Ta pomme d’Adam
Sa main trace l’ovale
D’un visage de madone
Il admire ce teint pâle
Et l’aura qu’il me donne
Un halo clair, dans les gris-bleus
Beauté lunaire émanant de nous deux
La candeur des beautés classiques
S’oppose à des cils charbonneux
Quelque chose d’une figure christique
Se dégage de son air tragique
Entre lui et les cieux
Maigre frontière
Vibrante sous les demi-tons
En Ève, me prendra l’envie
De la croquer de cent façons
Ton fruit défendu, ta pomme…
Je rêve d’un exil subtil et hors du temps
Le mâle défendu, la pomme…
On rêve d’un Éden sublime et aveuglant
Les soirs où l’on cède à ce fruit si tentant
Il a je ne sais quoi
D’une silhouette antique
Mon guerrier iroquois
Par son allure mystique
Cormorans
De ce soleil à ma fenêtre
Je ne veux pas
Cet air frais sur mon bras
Dans ce grand appartement vide
Raisonnent des murs sans affiches.
De ces frissons, de l’herbe en friche
Je ne veux plus…
De cet air dans mes poumons
Serrés du chagrin qui m’accable.
Vernis caché dans les chaussons
Mes pieds ne toucheront pas le sable.
Un long bouquin pour oublier
Que passe mon vingt-sixième été.
Refrain :
Si je sors
Le soir ou même à l’aurore
Si je vais
Sur une terrasse au long des quais
Il verra…
Ma faiblesse indissimulable
Il devinera…
Ce secret me rend vulnérable
Peut-être voudra-t-il
Peupler mon univers
M’emmener quelque part
S’inviter dans mon lit
Cet îlot dans la chambre vide
M’apporter le sommeil.
En me voyant, mon père, ma mère
Conviendraient, je l’espère
Que je ne suis venue sur terre
Pour endurer tant de misères
Et vivre si peu de merveilles
J’avais promis plus de lumière
A l’enfant que j’étais hier.
Sur mes nuits blanches, nul ne veille…
Refrain.
Au creux de mon nid, mon île
Silencieux et désertiques
Si je l’attend, viendra-t-il ?
Si peu de place dans l’atlantique
De ma solitude, pour qu’il
S’y jette et s’y noie
Loin de la plage des corps mouvants
Je ne suis plus qu’un corps mourrant
Qui rêve des corps émouvants
Sous le ballet des cormorans
Sauve qui tombe
État d’anesthésie
Fuite en avant
Mutisme et euphorie
Arrêt du temps
Plus forte et libérée
D’une prison intérieure
Refus délibéré
D’affronter ces pleurs
Rendez-moi ce chagrin
Qui sans trêves m’étranglait
Rappelez-moi ce couperet
Sous lequel je pliais
Ôtez le bandeau sur mes yeux
Futiles joies que ce grand feu
D’une telle colère, je ne sais que faire
Contre toutes ces lois délétères
Dans la solitude, me viennent
Des envies d’anarchie bien vaines
Je rêve d’une foule bienveillante
Qui porte, embrasse, et relève
Ceux qui tombent, l’âme vaillante