Fragrances


En ouvrant délicatement l’une des fioles qu’il vient de rechercher, il brise un trouble silence.

Je devine le parfum des gens que je rencontre, et me souviens éternellement de ceux des personnes que j’aime.

Il poursuit, en lui présentant le flacon miniature.

Ma grand-mère…
Elle sentait la fleur d’oranger, la sauge et les pétales séchés.

Mon père, c’était un curieux mélange d’agrumes et d’écorce de bois.
Son odeur me rappelait celle des fougères et de l’eau salée.

Ma mère, la douceur du jasmin et du lait d’ânesse.
Quelques notes de mûres sauvages et de noisettes.

Il marque une courte pause et reprend, en dévissant le capuchon pour s’assurer de sa bonne fermeture.
Ils se regardent…

Mes frères, ils sentaient un peu comme mon père.

Ma petite sœur, l’amande douce.
Mais aussi la framboise et la fraise des bois.

Notre cousine, Esther…
La vanille.
Je me souviens de cette odeur comme de sa signature.
Comme de l’ambiance estivale, quand on partait ensemble chez nos grands-parents.

L’hiver, elle portait son parfum de Noël. Doux et enveloppant, à la mandarine.

Et Luna, notre voisine et amie d’enfance, ma première compagne…

Il s’interromp, et la regarde.
Elle baisse légèrement la tête, puis soutient à nouveau son regard.
Ses doigts sur l’étagère semblent dire qu’il peut continuer.

…Luna, elle sentait la pomme.
Maintenant, elle sent l’aloe vera.

Et moi ?…

Admiration et crainte se mêlent dans sa voix timide, son air hésitant.
Il lui répond avec une tendresse infinie.

Toi, la femme aimée…
Ta peau sent la fleur de cotton, et tes cheveux sentent la pêche.

Je ne me lasse pas de cette odeur, j’aimerais qu’elle m’accompagne.
J’ai enfin trouvé celle que je cherchais sans le savoir.



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